27 mai 2009
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The City of Lost Souls (ou Hyôryû-gai, pour le titre original) est un autre film japonais réalisé par Takashi Miike, basé sur le Scénario de Ichiro Ryu, d'après un roman de Seishu Hase. Le film est sorti en 2000. Avec, comme acteurs: Teah, Michelle Reis, Patricia Manterola, Mitsuhiro Oikawa, Ren Osugi, Akaji Maro.
Bon, mettons-nous d'accord une bonne fois pour toutes. Takashi Miike n'est pas humain - ce qui paraît évident, puisque c'est un Dieu. Seulement voila, comme bon nombre de Dieux, les humains, il les aime bien. Enfin certains, oui. Et puis d'autres moins. Ce doit être ce qui lui permet de mixer aussi facilement la poésie et la violence, sans jamais perdre de vue ce qui motive la perception de l'un ou l'autre de ces états d'âmes chez ces créatures malheureuses que nous sommes. Plus encore qu'un mix des deux, Miike parvient (comme pour Dead or Alive 2) à les rendre parfaitement complémentaires, voire indissociables. Ainsi, toute scène de violence de The City of Lost Souls trouve-t-elle un point de fuite magnifique, parfois anodin, souvent à la frontière de la magie.
Je pense que l'on peut désormais l'affirmer sans se tromper, le thème majeur de la filmographie de Miike, c'est l'intégration. La plupart du temps, c'est le cas des chinois au Japon qui est traité (Dead or Alive, Chinese Mafia Senso), parfois c'est l'inverse (The Bird People in China). A d'autres moments, il s'intéresse à l'intégration des enfants dans un monde d'adultes (Fudoh) ou dans un monde d'enfants déguisés en adultes (Dead or Alive 2). Visitor Q se concentre sur l'intégration de chaque membre d'une famille au sein de cette même famille, et Full Metal Gokudo pousse le problème de l'exclusion à l'extrême avec le cas d'un être qui n'est plus totalement humain - du moins en apparence.
Dans The City of Lost Souls, l'approche est plus large encore et Tokyo apparaît comme le "melting pot" qu'il est devenu, et que l'on ne nous montre que trop rarement à l'écran: mafieux chinois, japonais d'origine brésilienne et yakusas locaux tentent tant bien que mal de cohabiter dans des quartiers sans véritable identité. Au sein de tout ce petit monde, Mario (Teah, impressionant), brésilien-japonais, tente de quitter le pays avec Kei (Michelle Reis), qu'il a rencontrée un mois auparavant. S'opposent à eux Ko, le chef de la mafia chinoise, qui n'a d'yeux que pour la belle, et Fushimi, un yakuza à qui Mario et ses amis ont volé, sans le vouloir, une quantité importante de cocaïne…
Comme toujours avec Miike, il est difficile d'imaginer la richesse qu'il est capable d'apporter à un récit relativement simple. Pour résumer, on pourrait dire que The City of Lost Souls est un "actionner d'amour", un cri de tolérance rageur et complètement fou pour plaider la valeur la plus instinctive de l'être humain (juste derrière sa propre survie). En cours de route, on rencontre donc une pléthore de situations toutes plus surprenantes les unes que les autres: de l'arrivée de Mario et Kei en ville par hélicoptère au début du film aux différents règlements de comptes finaux, en passant par les combats de coqs "à la Matrix" en images de synthèse (approximatives, certes, mais qui s'en plaindrait vraiment?), The City of Lost Souls porte à chaque instant la patte du metteur en scène, sensible à toutes les notions de montage, de cadrage, de réalisation pure et d'accompagnement sonore modernes. Le résultat? Ni plus ni moins qu'un chef-d'œuvre de plus, à la fois subtile et rentre-dedans.
Personne d'autre que Miike ne penserait à la quasi-épitaphe de Mario à la fin du film, personne n'apposerait aussi subtilement un tatouage sur une poitrine ou une épaule dénudée, tout en fournissant des scènes de massacres aussi sanglantes et dynamiques. Quelque part, Miike ressemble un peu à la petite fille kidnappée dans le film: partout où il pose ses mains, quelque chose de magique se produit. L'homme est tout simplement capable de faire ressortir la beauté des choses les plus dures et les plus horribles qui nous entourent. De plus, il n'est pas aveugle à la beauté évidente qu'il sait capturer avec une efficacité sans égal, sans jamais la souligner plus que nécessaire.
The City of Lost Souls, c'est un peu toutes ces choses à la fois, et tellement plus encore! Un miracle, en quelque sorte…
The City of Lost Souls (ou Hyôryû-gai, pour le titre original) est un autre film japonais réalisé par Takashi Miike, basé sur le Scénario de Ichiro Ryu, d'après un roman de Seishu Hase. Le film est sorti en 2000. Avec, comme acteurs: Teah, Michelle Reis, Patricia Manterola, Mitsuhiro Oikawa, Ren Osugi, Akaji Maro.
Bon, mettons-nous d'accord une bonne fois pour toutes. Takashi Miike n'est pas humain - ce qui paraît évident, puisque c'est un Dieu. Seulement voila, comme bon nombre de Dieux, les humains, il les aime bien. Enfin certains, oui. Et puis d'autres moins. Ce doit être ce qui lui permet de mixer aussi facilement la poésie et la violence, sans jamais perdre de vue ce qui motive la perception de l'un ou l'autre de ces états d'âmes chez ces créatures malheureuses que nous sommes. Plus encore qu'un mix des deux, Miike parvient (comme pour Dead or Alive 2) à les rendre parfaitement complémentaires, voire indissociables. Ainsi, toute scène de violence de The City of Lost Souls trouve-t-elle un point de fuite magnifique, parfois anodin, souvent à la frontière de la magie.
Je pense que l'on peut désormais l'affirmer sans se tromper, le thème majeur de la filmographie de Miike, c'est l'intégration. La plupart du temps, c'est le cas des chinois au Japon qui est traité (Dead or Alive, Chinese Mafia Senso), parfois c'est l'inverse (The Bird People in China). A d'autres moments, il s'intéresse à l'intégration des enfants dans un monde d'adultes (Fudoh) ou dans un monde d'enfants déguisés en adultes (Dead or Alive 2). Visitor Q se concentre sur l'intégration de chaque membre d'une famille au sein de cette même famille, et Full Metal Gokudo pousse le problème de l'exclusion à l'extrême avec le cas d'un être qui n'est plus totalement humain - du moins en apparence.
Dans The City of Lost Souls, l'approche est plus large encore et Tokyo apparaît comme le "melting pot" qu'il est devenu, et que l'on ne nous montre que trop rarement à l'écran: mafieux chinois, japonais d'origine brésilienne et yakusas locaux tentent tant bien que mal de cohabiter dans des quartiers sans véritable identité. Au sein de tout ce petit monde, Mario (Teah, impressionant), brésilien-japonais, tente de quitter le pays avec Kei (Michelle Reis), qu'il a rencontrée un mois auparavant. S'opposent à eux Ko, le chef de la mafia chinoise, qui n'a d'yeux que pour la belle, et Fushimi, un yakuza à qui Mario et ses amis ont volé, sans le vouloir, une quantité importante de cocaïne…
Comme toujours avec Miike, il est difficile d'imaginer la richesse qu'il est capable d'apporter à un récit relativement simple. Pour résumer, on pourrait dire que The City of Lost Souls est un "actionner d'amour", un cri de tolérance rageur et complètement fou pour plaider la valeur la plus instinctive de l'être humain (juste derrière sa propre survie). En cours de route, on rencontre donc une pléthore de situations toutes plus surprenantes les unes que les autres: de l'arrivée de Mario et Kei en ville par hélicoptère au début du film aux différents règlements de comptes finaux, en passant par les combats de coqs "à la Matrix" en images de synthèse (approximatives, certes, mais qui s'en plaindrait vraiment?), The City of Lost Souls porte à chaque instant la patte du metteur en scène, sensible à toutes les notions de montage, de cadrage, de réalisation pure et d'accompagnement sonore modernes. Le résultat? Ni plus ni moins qu'un chef-d'œuvre de plus, à la fois subtile et rentre-dedans.
Personne d'autre que Miike ne penserait à la quasi-épitaphe de Mario à la fin du film, personne n'apposerait aussi subtilement un tatouage sur une poitrine ou une épaule dénudée, tout en fournissant des scènes de massacres aussi sanglantes et dynamiques. Quelque part, Miike ressemble un peu à la petite fille kidnappée dans le film: partout où il pose ses mains, quelque chose de magique se produit. L'homme est tout simplement capable de faire ressortir la beauté des choses les plus dures et les plus horribles qui nous entourent. De plus, il n'est pas aveugle à la beauté évidente qu'il sait capturer avec une efficacité sans égal, sans jamais la souligner plus que nécessaire.
The City of Lost Souls, c'est un peu toutes ces choses à la fois, et tellement plus encore! Un miracle, en quelque sorte…