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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 01:54
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John Waters est surtout connu dans le milieu underground étatsunien, où il jouit d’une renommée de plus en plus grande. Comique et bizarre, à la limite de l’outrance, il aborde tous les sujets, qu’ils soient ordinaires ou tabous, avec un esprit provocateur et une verve débridée proches de celles des artistes dadaïstes (Marcel Duchamp, Tristan Tzara, Francis Picabia), malgré les influences qu’il évoque lui-même: Jean-Luc Godard, Walt Disney, Russ Meyer, Ingmar Bergman, Herschell Gordon Lewis, Kenneth Anger...


En 1972, John Waters signe le premier de ses pamphlets: le film Pink Flamingos, qui ne dure que quatre-vingt minutes et qui lui vaut une amende pour obscénité. John Waters y est en même temps le scénariste, le réalisateur, le producteur, le monteur, ce qui est ordinaire dans le cas des films underground, qui ne bénéficient que d’un budget dérisoire et n’utilisent que des acteurs inconnus et irréguliers.


L'histoire se déroule dans les années 70 à Phoenix (États-Unis). Divine – qui pour se cacher de la police préfère se faire appeler "Babs Johnson" – habite une caravane avec sa mère, qui ne vie que par amour des œufs, son fils (aux habitudes sexuelles étranges) et sa petite amie. Ensemble ils mènent une vie tranquille, jusqu'au jour où Divine est nommée par un magazine "l'être de plus dégoûtant de la planète". C'est alors qu'une famille rivale, les Marbles, empreints de jalousie, cherchent par tous les moyens à détrôner Divine.


Les Marbles, pour concurrencer Divine, mettent en place un trafic d'enfants: Ils kidnappent et fécondent eux-mêmes les mères (qu'ils gardent prisonnières dans une cave) pour ensuite revendre les bébés à des couples lesbiens. Bien entendu, l'argent gagné sert à financer un réseau de dealers vendant de l'héroïne dans les écoles…


Divine, qui trouve cette attitude hérétique, finit par les condamner à mort pour avoir voulu lui voler son titre et les exécute elle-même devant des journalistes qu'elle a prévenu.

Le film est célèbre entre autre pour sa scène finale où elle prend une merde de caniche en bouche comme s'il s'agissait d'une gourmandise! (scène sans trucage!). Mais sa renommée vient certainement de ce détournement de valeurs qu’opère John Waters: le beau n’est pas celui que les gens croient, le vrai n’est qu’une notion illusoire, le sacré devient vil et les plus bas des comportements humains peuvent se voir sacrés et consacrés... Ce qui nous rappelle les détournements opérés par les artistes dadaïstes au début du siècle précédent et leurs répercussions sur "l’histoire du goût".

     Abstraction faite de tous les jugements moraux, c’est un beau film qui mérite qu’on le regarde! Un film fait pour faire réfléchir!
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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 01:26
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L’uchronie est un thème littéraire appartenant essentiellement au genre de la science-fiction qui repose sur le principe du détournement historique et de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification d’un évènement du passé. Pour les anglo-saxons, c’est l’expression "alternate history" qui est particulièrement utilisée. Le procédé est simple : on prend un point de départ à un moment donné de l’Histoire telle qu’on la connaît et l’on en modifie l’issue, puis l’on laisse libre cours à l’imagination pour agencer les conséquences. L’exemple le plus simple est certainement la célèbre citation où Blaise Pascal dit : «Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé». (Pensées, 90) On change un petit détail, et tout change! Ce qui vous rappelle peut-être le slogan du film The Butterfly Effect réalisé par Eric Bress et J. Mackye Gruber et sorti en 2004: "Change one thing, change everything". La justification nous est expliquée par Isaac Asimov qui dit: «Il y a tant d’occasions où le destin de l’humanité semble n’avoir dépendu de la survenue que d’un évènement singulier, lequel aurait pu advenir de cette manière ou d’une autre avec une égale probabilité». (Agent de Byzance, in Histoires mystérieuses, Éd. Denoël, Paris, 1969)

 

Dans la littérature, il y a tellement d’œuvres uchroniques ; mais la littérature n’est pas le seul domaine où ce thème est exploité. Beaucoup plus que la littérature, c’est certainement le cinéma qui donne les œuvres les plus connues. D’aucuns connaissent les œuvres d’Isaac Asimov ou de Philip K. Dick, mais il y a des milliards qui ont regardé le film The Butterfly Effect, par exemple. On n’y peut rien: le cinéma est l’art le plus universel qui ait jamais existé!

 

Mais pourquoi tout ce long discours? Certainement pas pour le plaisir de parler d’un roman, bien que la lecture soit l’une de mes occupations principales... mais pour parler d’un film sud-coréen intitulé 2009: Lost Memories, réalisé par Lee Si-myung et sorti en 2002. Qui le connaît? Je vois que beaucoup d’entre vous l’ont vu! Mais qu’en pensez-vous...? Oui, c’est un très bon film... Je ne vous le fais pas dire!

 

Son histoire se base sur une uchronie dont le point divergent se situe en ce 26 octobre 1909 où Anh Jeung-geun, un patriote coéen, assassine Hirobumi Itō, résident général japonais en Corée. Hirobumi Itō exerçait les fonctions de gouverneur militaire et son assassinat a été utilisé par les Japonais comme prétexte pour justifier l’annexion totale de la Corée en 1910. Ça, c’est ce que nous apprennent les livres d’histoire, mais le film va dans une autre direction. Dans 2009: Lost Memories, l’assassinat du résident général japonais commis en 1909 n’est qu’une tentative rate... Et cet évènement change le cours de l’histoire. La Corée devient territoire japonais; le Japon est un allié de l'Amérique durant la Seconde Guerre mondiale, et, au lieu de Hiroshima, c'est plutôt sur Berlin que la bombe atomique est lâchée. Cent ans plus tard, la Corée est toujours japonaise. En 2009, deux agents du JBI enquêtent sur les agissements d'un groupe de terroristes coréens appelés les Hureisenjin. L'histoire montre ce que serait la Corée aujourd'hui si elle avait été durablement annexée, les indépendantistes coréens (ceux qui auraient échoué dans l'assassinat) étant considérés comme des terroristes. (En réalité, cet assassinat qui n'a pas échoué est considéré par la Corée comme un acte héroïque déterminant dans l'histoire de la Corée contemporaine.)

 

     C’est un joli film qui a bien mérité les prix qui l’ont récompensé et dont on peut citer: le Prix du meilleur nouveau réalisateur lors des Grand Bell Awards 2002, ainsi que le Prix du public «Mad Movies» lors du festival Fantastic’Arts 2003. On y remarquera également la belle prestation de l’acteur et chanteur sud-coréen Jang Dong-gun, que l’on retrouve également dans Frères de sang de Kang Je-gyu (2004) et Typhoon de Kwak Kyung-taek (2005)...
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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 22:18
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Perfume: The Story of a Murderer (Das Parfum - Die Geschichte eines Mörders, pour le titre allemand) est un film réalisé par Tom Tykwer et sorti en 2006. Le scénario est dû à la collaboration du réalisateur avec Andrew Birkin et Bernd Eichinger, qui avaient travaillé sur le roman Das Parfum, die Geschichte eines Mörders de l’écrivain allemand Patrick Süskind, paru en 1985. Ce livre a été un best-seller international, et ce depuis sa publication: en vingt ans, il a été traduit en quarante-cinq langues et vendu à plus de cent cinquante millions d’exemplaires.

 

L’histoire est celle de Jean Baptiste Grenouille, né en 1738. Enfant solitaire, malade, il devient un jeune homme à part grâce à un don unique: son odorat. Grenouille n'a pas d'autre passion que celle des odeurs, et chaque seconde de sa vie est guidée par ce sens surdéveloppé. Survivant misérablement, il parvient à se faire embaucher comme apprenti chez les maîtres parfumeurs de la capitale. Il découvre alors les techniques et les secrets de la fabrication des parfums. Son don lui permet de composer quelques chefs-d'œuvre olfactifs, mais son but ultime devient rapidement la mise au point de la fragrance idéale, celle qui lui permettrait de séduire instantanément tous ceux qui croiseraient son sillage. Dans sa recherche d'ingrédients, Grenouille est irrésistiblement attiré par le parfum naturel des jeunes filles. Il va aller jusqu'à en tuer beaucoup pour leur voler leurs odeurs et en faire l’ultime parfum, celui dont il a besoin... Si la recherche de ce parfum l’obsède, c’est essentiellement à cause d’une tare dont il est atteint: en vérité, son propre corps à lui est inodore, ce qui est un comble pour quelqu’un qui a un odorat aussi sensible. En tuant ces jeunes femmes, il cherche donc à compenser ce manque qui le marginalise.

 

Avant Tykwer, beaucoup de réalisateurs avaient envisagé l’adaptation de ce roman, essentiellement alléchés par la renommée fulgurante à laquelle il accéda depuis sa première édition allemande, mais aucun n’avait pu le faire. Martin Scorsese et Stanley Kubrick arrivèrent à la même conclusion: pour eux, ce roman était "infilmable". Ridley Scott et Tim Burton y avaient également pensé, mais aucun des deux n’a pu mettre l’idée en œuvre. C’est donc un grand pari qui fut gagné par Tom Tykwer.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 20:59
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I am Legend est un film de science-fiction sorti en 2007, réalisé par Francis Lawrence, adapté du roman éponyme de l’auteur états-unien Richard Matheson paru en 1954. En fait, ce roman est considéré par beaucoup de critiques comme un grand classique de la science-fiction. Jacques Sadoul, dans son Histoire de la science-fiction moderne. 1911-1984 (paru chez Robert Laffont en 1984, p.213-214) dit: «Avec I am Legend, Richard Matheson nous offre en 1954 un roman très original qui traite en pure science-fiction un des thèmes archiclassiques du fantastique, le vampirisme». À cause de cette renommée, le livre a eu plusieurs adaptations au grand écran. En 1963, Vincent Price avait déjà joué dans un film italien intitulé L’Ultimo Uomo Della Terra tiré de ce roman. En 1971, Boris Sagal a donné une deuxième version avec son film The Omega Man (ou Le Survivant, en français), d’après un scénario écrit par John William Corrington et Joyce Hooper Corrington.

Dans cette nouvelle adaptation faite par Francis Lawrence d’après un scénario réalisé par Akiva Goldsman, l’acteur Will Smith, qu’on avait déjà apprécié dans I, Robot (2004) et Men in Black (1997) ou Men in Black II (2002), tient le premier rôle dans la peau de Robert Neville, un scientifique qui se retrouve être le dernier être humain sur terre. Robert Neville est un scientifique brillant qui malgré ses connaissances se trouve impuissant face un terrible virus qui décime la planète. Alors qu'il contemple impuissant l'extinction de l'humanité, il s'aperçoit rapidement qu'il est pour une raison inconnue immunisé contre ce fléau engendrant désormais des vampires... Sa vis quotidienne est simple : il se cache la nuit dans sa maison fortement barricadée et sort le jour pour chasser des gazelles dans les rues de New York ou pour aller s’approvisionner dans les supermarchés déserts. Neville, persuadé qu'il n'est pas le dernier survivant de cet holocauste, et ce malgré les interminables appels radio qu’il fait. Il part en croisade contre une horde de mutants assoiffée de sang humain. Il finit par perdre son chien, le seul compagnon qu’il a. Il rencontre enfin deux rescapés, une femme et son fils, à la recherche des autres survivants. Ces deux personnages représentent, à la fin, la seule note optimiste du film.

I am Legend est une vraie réussite cinématographique, un grand film à propos des vampires qui nous change un peu des croix et des pieux d’usage. C’est également un superbe film de science-fiction avec peu d’effets spéciaux et une belle intrigue.

À découvrir... et à redécouvrir!
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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 20:53
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Qui ne connaît pas Michael Mann lève le doigt... Bon, avec une production comme la sienne qui ne compte qu’une dizaine de films, on a des excuses; mais, malgré la maigreur de cette œuvre, on y trouve des films superbes. Maigreur ne rime pas toujours avec médiocrité.

De Michael Mann, l’on se rappelle certainement son Manhunter, réalisé en 1986 (traduction française sous le titre Le Sixième Sens, qu’il ne faut pas confondre avec le film Sixième Sens  de M. Night Shyamalan, sorti en 1999 et dont les principaux acteurs sont Bruce Willis et Haley Joel Osment), film qui a reçu le Prix de la critique lors du Festival du film policier de Cognac en 1987; l’on se rappelle également le film Heat, réalisé en 1995, avec le duo Robert De Niro et Al Pacino; il y a aussi le Colateral qui réunit en 2004 les acteurs Tom Cruise et Jamie Foxx. Mais je ne vous parlerai pas de ceux-là... Je vous parlerai plutôt de son film sorti en 2006, intitulé Miami Vice.

 

Miami Vice est le résultat de la réécriture du quinzième épisode de la série télévisée culte des années 80 Miami Vice (Smuggler’s Blues), sur laquelle Michael Mann avait déjà travaillé puisqu’il en était le producteur. Dans ce film, les inspecteurs James "Sonny" Crockett et Ricardo Tubbs, deux flics de la Brigade des stupéfiants de Miami, mènent une guerre sans merci contre les trafiquants de drogue et autres criminels de Floride en se faisant passer eux même pour des trafiquants pour infiltrer les réseaux avant de les démanteler, après que des dealers sont trahis et que toutes les pensées se tournent vers l’idée de la présence d’un traître au sein même de la police.

 

Les images du film sont d’une grande pureté (le film a été entièrement tourné en caméra numérique), le scénario linéaire, les personnages facilement identifiables... En définitive, tout est beau dans ce film où Jamie Foxx (Inspecteur Ricardo Tubbs) cotoie Colin Farrel (Inspecteur James "Sonny" Crockett), la superbe ex-compagne de Zhang Yimou, Gong Li (dans le rôle d’Isabella), ainsi que d’autres dont le jeu ne présente aucune faille.

 

L’intrigue est, quant à elle, basée sur un suspense toujours renouvelé, dont seul Mann a le secret, puisqu’il l’avait utilisé dans la série éponyme, ainsi que dans bon nombre de ses propres films... un suspense qui est essentiellement fait pour capter l’attention du spectateur jusqu’au bout du film.

 

C’est un bon moment cinématographique, que je vous invite à revivre!
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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 10:43
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Comme le titre le suggère, Monster in Law est un film qui parle de l’opposition ancienne entre la belle-fille et la belle-mère. Charlie (Lopez), une fille qui partage son temps entre des boulots occasionnels et la peinture, tombe amoureuse de Kevin (Vartan), un jeune chirurgien bien placé dans le monde. Les deux décident de se marier mais la mère de Kevin, l’impétueuse Viola (Fonda), une célébrité de la télé tourmentée par l’idée de la vieillisse et qui vient de perdre son emploi, essaie tout pour empêcher cette union, à ses yeux inopportune. Les deux femmes entrent dans un jeu de chat et de souris, changeant parfois de rôles, et qui reste, comme dans la vraie vie, pour la plupart du temps méconnu par Kevin.

 

Bien que l’histoire tente de surprendre certains aspects d’ordre psychologique de la triade mère – fils – future épouse, le film ne va pas beaucoup dans cette direction. L’intrigue et les personnages sont plutôt schématiquement développés. L’objectif visé par le réalisateur semble être un autre: la drôlerie des machinations qui entraînent les deux femmes, tout en restant cachées pour la troisième partie de la triade. Entre une mère au caractère capricieux et imprévisible et une femme à l’allure câline mais qui sait utiliser au besoin «ses griffes», l’homme n’a que le choix de se tenir à l’écart et d’attendre que les choses se normalisent. Une histoire qui se répète d’une génération à l’autre et que Luketic transforme en une suite de situations cocasses, parfois invraisemblables, mais qui ne manquent pas d’un certain sens de l’humour exprimé le plus souvent par la voix de Ruby (Sykes), l’assistante de Viola.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 10:18
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Gagnant du Grand prix du jury au festival de Cannes 2004, Old Boy est le film du réalisateur sud-coréen Park Chanwook. Dae-su (Min-sik Choi), un homme ordinaire, marié et père de famille, est kidnappé le jour de l’anniversaire de sa fille et ensuite emprisonné sans savoir pourquoi dans une cellule ressemblant à une chambre d’hôtel. Son seul moyen de contact avec le monde est la télé par l’intermédiaire de laquelle Dae-su apprend qu’il est accusé de la mort de sa femme. Après 15 ans il est soudainement relâché, sans savoir plus sur la cause de son emprisonnement, et la seule chose qui compte pour lui est la vengeance: trouver l’homme qu l’avait emprisonné et se venger.


L’histoire de Dae-su n’est pas pourtant une simple reprise du thème classique de la vengeance du Comte de Monte-Cristo auquel le film fait explicitement référence. La trame, qui entraîne plusieurs personnages, Mido (Hye-jung Gang), une jeune et jolie serveuse de restaurant amoureuse de Dae-su, Woo-jin (Ji-Tae Yoo) un ancien camarade d’école de Dae-su et Soo-ah (Jin-seo Yoon) la sœur suicidaire de Woo-jin, ressemble plutôt à un entrelacement compliqué de tragédie oedipienne, d’absurde, d’humour noir et de vengeance au style asiatique. Les scènes violentes (dents arrachées sans anesthésique, membres coupés) ou de combat (Dae-su lutte seul contre une dizaine d’ennemis) rappellent les films du genre Kill Bill ou les jeux vidéo.

 

Mais le film de Chanwook ne se réduit pas qu'à cela. Le réalisateur aime jouer sur la psychologie des personnages et du spectateur qui découvre la vérité terrible graduellement, en même temps que le protagoniste, avec tout l’impact psychologique y impliqué. L’hypnose, le mot clé du puzzle proposé par Chanwook, semble ainsi exercer son effet non seulement sur les personnages mais aussi sur l’audience. Puni de n’avoir pas su tenir sa langue, Dae-su choisit sous l’hypnose l’identité qu’il portera pour le reste de sa vie: le monstre sans passé ni conscience ou l’homme revenu à la normalité mais pas délivré de son passé. C’est avec lui que le spectateur perplexe choisit son interprétation de ce film qui ne propose pas de conclusion unique.


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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 02:03
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Bienvenue chez les Ch'tis... Qui n’a pas entendu cette phrase? Peu de gens certainement, parce que ce film réalisé en 2008 par Dany Boon a vraiment été un phénomène, aussi bien en France qu’ailleurs.


Le film est très sincère et jovial. On ne peut rien nier de son caractère aimable, de la bonne humeur qu'il suscite, du côté humain vers lequel il bascule. Le film contredit admirablement le récent Paris de Cédric Klapisch (2007). Le caractère franchouillard, libre et naïf du long-métrage de Dany Boon s'oppose à la tonalité beaucoup plus sérieuse et mélancolique du film de Klapisch. Une capitale sinistre face à une campagne plus sereine? Le raccourcis est peu évident, facile à démonter probablement, mais il y a quelque chose de cet ordre-là. Paris est sans doute une ville trop sérieuse.

 

Dans Bienvenue chez les Ch'tis, on rit de bon cœur, dans trois séquences en particulier (le caméo instantanément culte de Galabru, le "les meubles, c'était les ch'iens" et le "j'appelle et je vous dit quoi"), même si les occasions de rire et de sourire sont nombreuses par ailleurs. Dany Boon (qui a concocté le scénario avec Alexandre Charlot et Franck Magnier) s'amuse des clichés qui collent à l'image du Nord, et visiblement ça marche. Line Renaud, les petits rôles de Patrick Bosso et Stéphane Freiss sont assez savoureux, et le duo Kad Merad/Dany Boon fonctionne plutôt bien.

 

Voilà, avec tout ça, tout est dit. On comprend que le film séduise. Bienvenue chez les Ch'tis est un film modeste, gentil, proche des gens et qui ne prend en otage aucune catégorie de la population. Le succès du film se mesure probablement à toutes ces qualités-là.

 

Mais prenons aussi le contre-point forcément très peu populaire qui incite à trouver aussi ce film consternant. Point de vue radical mais qui mérite d'être exposé. Bienvenue chez les Ch'tis s'inscrit dans une tradition très française du cinéma comique depuis Gérard Oury. En clair, il n'y a dans ce film aucune ambition cinématographique, mais plutôt une authentique médiocrité technique qui est le lot du cinéma français depuis les années 60. Le cinéma français recycle avec ce film ses stéréotypes de la comédie franchouillarde. C'est noble, le public peut être ravi de bénéficier de ça, il n'est jamais mauvais de rire et les gens n'attendent d'ailleurs rien d'autre d'une comédie. Mais ce qui déçoit c'est essentiellement cette absence totale d'envie de faire du cinéma, d'utiliser les moyens du cinéma.

 

Depuis Louis de Funès ou Bourvil, le cinéma français, et le cinéma comique français en particulier, a abandonné toute idée de produire de la mise en scène. Le cinéma, ce n'est pas que du dialogue, c'est aussi de l'image. Chez Oury comme chez Dany Boon aujourd'hui, l'image ne vaut pas le grand écran, l'image est aussi peu inspirée que les pires téléfilms de TF1. Bienvenue chez les Ch'tis ratisse large car il est humble, consensuel et efficace au niveau de l'hilarité. Ce qui est alors désespérant, c'est qu'aucune voix, ou si peu, ne s'élève pour exiger des réalisateurs qu'ils ne se contentent pas de nous faire rire, mais qu'ils prennent à bras le corps l'idée même de réaliser un film. Les américains l'ont toujours fait via quelques unes de leurs plus grandes signatures. Le cinéma français se refuse à ça. Le public est alors profondément conditionné par ces principes sans doute inconscients.

 

Bienvenue chez les Ch'tis est en train de marquer l'histoire du cinéma français et donc de devenir un modèle pour l'avenir. À court terme, on nous recyclera en beaucoup moins bien des films beaucoup moins sincères fonctionnant sur un principe comique similaire. À moyen terme, une suite est fatalement envisageable, mais qui a toutes les chances de ne pas surprendre autant.  À long terme, on continuera encore et toujours à produire des films sans aucune ambition de cinéma mais qui auront la prétention de vouloir faire rire, faisant perdurer un système vicieux ou l'idée de cinéma est quasi mort-née.

 

     Alors certes, Bienvenue chez les Ch’tis est un film agréable, qui procure du bien aux gens, et on ne peut que le louer pour ça. Le reste, tout le monde ou presque s'en moque. Mais c’est là tout le problème. Bienvenue chez les Ch'tis est du côté du public et pas du cinéma. Mais nous ici qui sommes du côté du cinéma, qui admirons d'abord l'audace et le courage de certains cinéastes, qui adorons adorer des films qui plaisent à tous les publics, nous ne pouvons pas nous empêcher d'être du côté du cinéma. Bienvenue chez les Ch'tis ne s'invite pas dans notre cour et étant donné l'ampleur du succès du film, nous trouvons ça vraiment dommage.
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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 02:01
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En 1997, Michael Haneke divise et choque profondément les festivaliers lors du festival de Cannes où son Funny Games est présenté en compétition. Le cinéaste autrichien, déjà réputé pour la méticulosité de son style et sa réflexion sans concession à propos de la violence, avait précédemment réalisé Le Septième continent (1989), 71 Fragments d'une chronologie du hasard (1994) et Benny's video (1992). Funny Games représentait en quelque sorte l'aboutissement de ce travail de fond sur la représentation de la violence par les médias. Haneke reste fidèle à son thème de prédilection, comme le prouve son long métrage intitulé Caché (2005) et ce remake de Funny Games.


Lorsqu'il réalise le premier Funny Games, Haneke vise d'abord le public américain. Le film est une sorte de réaction à un certain cinéma américain, violent et complaisant dans cette violence qu'il montre ou suggère. Mais Funny Games - réalisé en Autriche avec des acteurs allemands et autrichiens ; tourné justement en langue allemande - n'atteint et ne touche donc pas le public pris pour cible. Haneke a ainsi accepté de réaliser lui même le remake de son film mais ce remake est-il légitime?

 

Jour après jour, nous le constatons, Hollywood passe son temps à remaker les films importants du passé, voire du présent. Cette obsession est nourrie par le public lui-même. C'est un fait, le très grand public se tourne généralement très peu vers autre chose que le cinéma strictement contemporain. Les films réalisés vingt ans auparavant ou plus ne sont plus regardés.

 

Le cinéma étant souvent considéré comme un divertissement plutôt qu'un art, le grand public n'est pas forcément enclin a faire des efforts pour voir un film, et encore moins quand il s’agit de subir des sous-titres. C'est particulièrement  vrai pour le grand public américain. Hollywood, dans sa logique industrielle du divertissement de masse a intégré ces données. Les studios puisent ainsi régulièrement dans les catalogues pour dénicher quelques valeurs sûres réadaptables aujourd'hui. C'est malheureux à dire, mais même les films d'Hitchcock, longtemps intouchables, sont de moins en moins vus et de plus en plus sujet à des remakes...

 

Funny Games n'a que dix ans mais, parce qu'il s'agit d'un film exigeant tourné en langue allemande, le film n'a donc pas atteint le public à qui il s'adressait. Le remake est légitime dès lors qu'Haneke retourne son film en anglais, avec des acteurs connus et reconnus, se donnant les moyens de toucher directement et enfin le public pris pour cible. La démarche d'Haneke est même d'autant plus noble, sincère et efficace que le réalisateur a retourné son film à l'identique. Funny Games dans sa deuxième version est comme une photocopie couleur à large diffusion d'un document resté jusqu'à aujourd'hui confidentiel.

 

Pour ceux qui ont déjà vu le film original, qui s'en souviennent surtout, voir ce remake n'a pas grand intérêt. Haneke a réellement refait le même film que dix ans auparavant, avec les mêmes plans, le même découpage, la même bande-son et des décors en tous points similaires. Seuls les acteurs changent. Haneke a juste inséré dans son récit et dans sa mise en scène quelques infimes variations et, pour ceux qui connaissent déjà Funny Games, le seul vrai jeu est d'essayer de déceler ces infimes variations. L'intérêt est donc - on l'a déjà dit - limité.

 

Mais la démarche est infiniment plus honnête que pour n'importe quel autre remake habituel. Les mauvaises langues diront qu'Haneke ne s'est pas foulé avec ce film, mais l'on peut aussi dire que le cinéaste a fait l'effort de conserver intacte la richesse et la force de son film original afin d'offrir au public le film qu'ils auraient dû voir dix ans auparavant.

 

Mais cette démarche a quand même ces limites. Puisque nous connaissons bien le film original, difficile pour nous de ne pas comparer point par point chacun des deux films. Notre attention se rapporte inévitablement sur les acteurs. Naomi Watts, Tim Roth, Michael Pitt et Brady Corbet sont parfait, il n'y a rien à redire. Juste, la relation entre les personnages nous apparaît quand même ici moins naturelle, plus fabriquée. La sensation est un peu la même que pour un spectateur de théâtre lorsqu'il connaît une pièce qu'il revoit souvent, jusqu'au jour ou les acteurs changent. La pièce est la même. Pour les nouveaux spectateurs dans la salle, elle aura un impact similaire à celui subit par les spectateurs de la veille, mais cette différence fondamentale est fatalement gênante pour le spectateur qui justement était là la veille. Dans le cas de Funny Games, l'impact est quelques peu atténué aussi parce que, en plus,  nous connaissons bien ces nouveaux acteurs alors même que dans le premier film, tous les protagonistes nous étaient parfaitement inconnus. Pour ce film si subtil sur le plan psychologique, ce détail n'a rien d'anodin.

 

     Funny Games est donc un film dont on peut aisément se dispenser de voir si l'on connaît bien l'original. Mais ce film était si important, si intense que, si on ne l'a pas vu, il est essentiel d'en découvrir la copie. Pour les autres, vous ne pourrez que noter quand même ces variations infimes qu'Haneke opère. Et il y en a une qui est même très importante et qui change au final la structure du récit. Ce changement intervient à un moment charnière du film et provoque très habilement une modification de la structure dramatique du film. Ça reste anecdotique et ne modifie en rien le sens, l'impact et la valeur du film. Cela prouve juste à quel point Haneke est malin. Funny Games reste un thriller psychologique cynique, intense, profondément dérangeant.
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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 01:22
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Qui peut se vanter d’être le chouchou de Cannes? Personne, à part, bien sûr, l’Autrichien Michael Haneke. Tous ses longs métrages, sans exception, ont été présentés dans le cadre de ce prestigieux festival. En fait, ce cinéaste doit clairement sa renommée internationale à Cannes. Deux récompenses importantes ont couronné son travail: le Grand Prix pour La Pianiste en 2001 et le Prix de la Mise en scène pour Caché en 2005. Et, comble de la chance, lors du festival de Cannes 2009, le jury d’Isabelle Huppert a décerné la Palme d’Or à son dernier film Le Ruban Blanc.

 

Dans ce film, Michael Haneke (qui est également le scénariste) raconte une histoire qui se passe dans un village du nord de l’Allemagne, à la veille de la première guerre mondiale; là, la vie s’organise autour des enfants et de la chorale locale. Mais d’étranges accidents remettent en cause la quiétude ambiante.

 

Avec son actrice fétiche Susanne Lothar (c’est leur quatrième film ensemble), qui joue notamment la mère martyre dans le très controversé Funny Games originel réalisé en 1997, et Ulrich Tukur, qui fut remarqué dans Amen (2002) puis dans Le Couperet (2005) réalisés par Costa-Gavras, Michael Haneke nous donne un filme d’une durée de deux heures vingt-cinq minutes où l’on ne finit pas de s’émouvoir...

 

C’est le premier film du cinéaste dans sa langue natale depuis 1997, et c’est une pure merveille cinématographique... Mais comme tous les films de Michael Haneke, il laisse toujours un indescriptible arrière-goût d’amertume, une fois la projection terminée!
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