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7 octobre 2009 3 07 /10 /octobre /2009 00:05
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L’on me reproche d’être anti-arabe, antimusulman, "anti-tout" pour tout ce qui concerne la culture arabo-musulmane. En fait, je ne suis pas de ceux qui s’extasient facilement; je ne suis pas doté de cette faculté qui fait dire aux gens le contraire de ce qu’ils pensent dans leurs profondeurs juste parce que la question touche des éléments en rapport direct avec la nationalité, l’honneur du pays et l’image de l’Islam, etc. (Et cela d’autant plus que je suis athée!) Me considérant comme un homme libre, libre jusqu’au bout des ongles, j’essaie d’être fidèle à moi-même, même si cela contredit l’opinion générale et me fait passer pour un traître. (Avec la mentalité religieuse fourbe qui règne dans le monde arabe, on ne peut jamais échapper à ce genre de jugements!)

Cet article se propose de parler de l’état actuel du cinéma arabe, au mépris de toutes les considérations nationalistes et patriotiques (qui, en réalité, ne sont que du vent), et de tirer au clair les raisons de la décadence du domaine cinématographique dans les pays arabes.
Le cinéma arabe contemporain est des plus anémiques, c’est sûr; le seul mot d’ordre guidant les réalisateurs, tous les pays confondus, semble être le même: insignifiance, insignifiance, insignifiance... Entre les tares du film tunisien (qui oscille entre une fausse critique de la société et des scénarios faibles et monotones), les défauts du cinéma égyptien (qui, dans ce que certains appellent "la nouvelle génération", a commencé à copier les blockbusters américains, mais sans arriver à la grandeur des productions des maîtres de Hollywood), les dérapages du cinéma marocain (qui semble centré sur des choses éloignées de la réalité mais également de l’intelligence la plus élémentaire), dans cet amas pseudo-cinématographique inextricable, il n’y a vraiment pas de différences dignes d’être notées... Le tout est non seulement invendable, mais également et avant tout, insignifiant.

Les raisons de la décadence du cinéma arabe contemporain sont trop nombreuses pour être énumérées et expliquées dans un seul article... Elles sont également en rapport direct avec certaines "zones d’ombre" difficiles à éclairer sans le soutien d’une critique raisonnée et approfondie de la mentalité arabe, autant du point de vue sociologique que du côté de la psychologie. Mais, vu que cet article ne prétend s’intéresser qu’au cinéma et qu’une critique aussi généralisée ne relève pas de mes compétences, je vais essayer de limiter l’étendue des explications et de "compacter" les choses au maximum.

La première raison semble être le fondement religieux (je ne me suis jamais senti à l’aise avec ce mot-là!) sur lequel se base la société arabe. La laïcité dont certains pays se vantent n’est qu’un masque sous lequel se cachent mille et un monstres à l’affût, prêts à dévorer tout homme osant sortir de la ligne tracée par le Coran et l’héritage des aïeux. La censure menace tout ce qui ose proposer une vision différente ou une explication contraire à celle communément acceptée. Mais les réalisateurs arabes n’ont jamais eu le courage de penser à démolir cet ogre qui menace leur liberté. Ils sont prisonniers et heureux de l’être.

La seconde raison est en rapport avec la politique. Dans le monde arabe, celui qui tient le pouvoir tient tout le pays et jouit d’une omnipuissance difficile à rencontrer ailleurs. (Il y a bien sûr d’autres dictateurs dans certains autres pays du monde: la Chine, par exemple, mais leurs bras ne sont pas aussi longues que ceux des chefs arabes!) Les ministères de la culture, dans les pays arabes ont tous les droits: celui d’interdire, avant tout; celui d’entraver et de punir, également. Et, avec l’intelligence fourbe qu’ils ont, les prétextes ne manquent jamais. Bien sûr, il y a quelques films qui sortent du lot (je peux citer, par exemple, la comédie égyptienne Zaza, avec Heni Ramzi et Kamel Chennawi, qui a proposé une critique un peu plus courageuse des mécanismes de la vie politique et des tares que cache le système démocratique appliqué dans les pays arabes ; on peut également citer le film L’Immeuble Yacoubian, avec Adel Imam, qui a osé parler de l’homosexualité, de la corruption, de l’endoctrinement des terroristes, etc.)

La troisième raison nous renvoie au public, qui n’est autre que le peuple arabe. Conditionné par le système politique en place, par la religion, le peuple arabe, à cause de sa passivité, représente une des causes majeures de la décadence du cinéma arabe. La majorité du peuple arabe n’applaudit que quand on le lui demande, ne regarde que les films que diffusent les chaînes télévisuelles. Sans parler du mauvais goût qu’ils affichent, parlant des films du point de vue de la religion et du bien et du mal. (Rappelons que, malgré son courage, L’Immeuble Yacoubian a été, financièrement, un grand échec, certainement parce qu’il parle d’un sujet tabou...) Et les quelques citoyens éclairés ne pèsent pas lourd!
D’aucuns lient la décadence du cinéma arabe contemporain à des questions purement financières. Ceux qui croient que le cinéma dépend des moyens technologiques et financiers mis à la disposition du réalisateur se trompent sur toute la ligne : la technologie ne peut rien faire avec des scénarios sans importante. En plus, les financements proviennent la plupart du temps des gouvernements, ce qui ne fait que renforcer l’emprise des politiques sur cet art "qui n’en est plus un".

Alors, comment est-ce qu’un réalisateur averti pourrait travailler dans des conditions pareilles, dans un monde où l’art est critiqué par la religion, quand il ne se trouve pas totalement bâillonné par la politique? C’est la grande question qui n’aura jamais le droit d’être étudiée et approfondie...!

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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 00:19
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Né en 1957, dans une famille intellectuelle du Caire (son père Abbas Al-Aswany était écrivain), ayant fait ses études dans un lycée égyptien de langue française et étudié  la chirurgie dentaire aux États-Unis, à l'Université de l'Illinois à Chicago, Alaa Al-Aswany était intellectuellement bien préparé à figurer parmi les membres de l’opposition. Il contribue régulièrement aux journaux d'opposition et est proche des intellectuels de gauche, en particulier de Sonallah Ibrahim. Il se dit indépendant des partis politiques mais est l'un des membres fondateurs du mouvement d'opposition «Kifaya» (Ça suffit) qui réclame des élections présidentielles réellement libres (chose inimaginable dans les pays arabes).

En 2002, l’’étonnant succès de L’Immeuble Yacoubian (le livre a été un véritable phénomène d'édition dans le monde arabe et il fut rapidement traduit dans une vingtaine de langues, en plus de faire l'objet d'une adaptation cinématographique par Marwan Hamed en 2006) a fait de son auteur un intouchable. Son premier roman, lui, avait connu, dix ans plus tôt, un destin moins enviable. Dentiste de formation, Al-Aswany s’était vite rendu compte que les dents de ses patients ne lui étaient pas un horizon suffisant. Il s’était donc mis en tête de manier le stylo en plus de la fraise. Mais c’était sans compter avec le puissant et tatillon Office du livre, passage obligatoire avant toute publication en Égypte. Les écrivains connus ne rencontraient pas de problèmes. Ceux qui jouissaient d’un appui officiel non plus. Les autres éprouvaient les pires ennuis.

Al-Aswany fut de ces derniers avec son premier et bref roman intitulé Celui qui s’est approché et qui a vu, sorte d’autobiographie de jeunesse dans laquelle l’auteur n’y allait pas par quatre chemins pour décrire ce qu’il avait effectivement vu de la société égyptienne.

Décidé à obtenir l’autorisation de publication, il fut d’abord obligé de signer une décharge dans laquelle il se déclarait en opposition avec les opinions de son narrateur. On lui imposa ensuite de supprimer les deux premiers chapitres de son récit, les plus critiques. Il refusa et renonça à la publication. Jusqu’en 2004. Fort du succès mondial de L’Immeuble Yacoubian, il réussit à faire publier son premier texte par l’Université américaine du Caire, précédé d’une préface explicative et lumineuse sur la difficulté d’écrire de la fiction dans une société officiellement momifiée.

Accompagnés de quelques nouvelles, ces deux textes paraissent en 2006 en traduction française. L’auteur y évoque les premières projections du cinématographe au Caire. Il fallait, avant la séance, montrer au spectateur que la locomotive surgissant sur la toile n’était qu’une image, un reflet de la réalité, au risque sinon de provoquer une panique. «Certains lecteurs continuent malheureusement à faire de nos jours dans la littérature le même amalgame entre ce qui est imaginaire et ce qui est réel», remarque-t-il. Mais ces lecteurs ont des circonstances atténuantes, puisque la littérature leur confère le pouvoir de l’imagination et qu’elle est essentiellement l’art de la vie.

Fort de cette distanciation entre l’écrivain et son écrit, entre la vie de la fiction et la réalité de la vie, Al-Aswany ne se prive pas, dans ce premier manuscrit refusé, de dire ce qu’il pense de son pays, à travers son narrateur: «Par quoi donc se distinguent les égyptiens? Quels sont leurs mérites? Je défie qui que ce soit de me citer une seule vertu égyptienne. La lâcheté, l’hypocrisie, la méchanceté, la servilité, la paresse, la malveillance, voilà les qualités des égyptiens et c’est parce que nous connaissons notre vraie nature que nous l’occultons derrière des clameurs et des mensonges, des slogans ronflants et creux que nous ressassons jour et nuit sur notre "sublime"  peuple égyptien.» Le ton est donné, excessif, à coup sûr, à dessein, sans aucun doute. De même, lorsque l’écrivain met en exergue avec une ironie cinglante cette phrase d’un militant nationaliste égyptien du XIXe siècle qui donne son titre au livre: «Si je n’étais pas né égyptien, j’aurais voulu être égyptien». Ces mots sont, fait-il dire à son narrateur, «ce que j’ai entendu de plus inepte de toute ma vie». L’Égyptien El Aswany se condamne-t-il ainsi à une impasse particulièrement désespérante? À moins que, sans se l’avouer encore, il ait découvert que la meilleure façon d’être égyptien aujourd’hui est d’entrer en rébellion élevée au niveau d’un art, celui de l’écriture.

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