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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 23:40
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The City of Lost Souls (ou Hyôryû-gai, pour le titre original) est un autre film japonais réalisé par Takashi Miike, basé sur le Scénario de Ichiro Ryu, d'après un roman de Seishu Hase. Le film est sorti en 2000. Avec, comme acteurs: Teah, Michelle Reis, Patricia Manterola, Mitsuhiro Oikawa, Ren Osugi, Akaji Maro.

Bon, mettons-nous d'accord une bonne fois pour toutes. Takashi Miike n'est pas humain - ce qui paraît évident, puisque c'est un Dieu. Seulement voila, comme bon nombre de Dieux, les humains, il les aime bien. Enfin certains, oui. Et puis d'autres moins. Ce doit être ce qui lui permet de mixer aussi facilement la poésie et la violence, sans jamais perdre de vue ce qui motive la perception de l'un ou l'autre de ces états d'âmes chez ces créatures malheureuses que nous sommes. Plus encore qu'un mix des deux, Miike parvient (comme pour Dead or Alive 2) à les rendre parfaitement complémentaires, voire indissociables. Ainsi, toute scène de violence de The City of Lost Souls trouve-t-elle un point de fuite magnifique, parfois anodin, souvent à la frontière de la magie.

Je pense que l'on peut désormais l'affirmer sans se tromper, le thème majeur de la filmographie de Miike, c'est l'intégration. La plupart du temps, c'est le cas des chinois au Japon qui est traité (Dead or Alive, Chinese Mafia Senso), parfois c'est l'inverse (The Bird People in China). A d'autres moments, il s'intéresse à l'intégration des enfants dans un monde d'adultes (Fudoh) ou dans un monde d'enfants déguisés en adultes (Dead or Alive 2). Visitor Q se concentre sur l'intégration de chaque membre d'une famille au sein de cette même famille, et Full Metal Gokudo pousse le problème de l'exclusion à l'extrême avec le cas d'un être qui n'est plus totalement humain - du moins en apparence.

Dans The City of Lost Souls, l'approche est plus large encore et Tokyo apparaît comme le "melting pot" qu'il est devenu, et que l'on ne nous montre que trop rarement à l'écran: mafieux chinois, japonais d'origine brésilienne et yakusas locaux tentent tant bien que mal de cohabiter dans des quartiers sans véritable identité. Au sein de tout ce petit monde, Mario (Teah, impressionant), brésilien-japonais, tente de quitter le pays avec Kei (Michelle Reis), qu'il a rencontrée un mois auparavant. S'opposent à eux Ko, le chef de la mafia chinoise, qui n'a d'yeux que pour la belle, et Fushimi, un yakuza à qui Mario et ses amis ont volé, sans le vouloir, une quantité importante de cocaïne…

Comme toujours avec Miike, il est difficile d'imaginer la richesse qu'il est capable d'apporter à un récit relativement simple. Pour résumer, on pourrait dire que The City of Lost Souls est un "actionner d'amour", un cri de tolérance rageur et complètement fou pour plaider la valeur la plus instinctive de l'être humain (juste derrière sa propre survie). En cours de route, on rencontre donc une pléthore de situations toutes plus surprenantes les unes que les autres: de l'arrivée de Mario et Kei en ville par hélicoptère au début du film aux différents règlements de comptes finaux, en passant par les combats de coqs "à la Matrix" en images de synthèse (approximatives, certes, mais qui s'en plaindrait vraiment?), The City of Lost Souls porte à chaque instant la patte du metteur en scène, sensible à toutes les notions de montage, de cadrage, de réalisation pure et d'accompagnement sonore modernes. Le résultat? Ni plus ni moins qu'un chef-d'œuvre de plus, à la fois subtile et rentre-dedans.


Personne d'autre que Miike ne penserait à la quasi-épitaphe de Mario à la fin du film, personne n'apposerait aussi subtilement un tatouage sur une poitrine ou une épaule dénudée, tout en fournissant des scènes de massacres aussi sanglantes et dynamiques. Quelque part, Miike ressemble un peu à la petite fille kidnappée dans le film: partout où il pose ses mains, quelque chose de magique se produit. L'homme est tout simplement capable de faire ressortir la beauté des choses les plus dures et les plus horribles qui nous entourent. De plus, il n'est pas aveugle à la beauté évidente qu'il sait capturer avec une efficacité sans égal, sans jamais la souligner plus que nécessaire.

The City of Lost Souls, c'est un peu toutes ces choses à la fois, et tellement plus encore! Un miracle, en quelque sorte…
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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 23:03
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J’ai eu l’occasion de regarder, il y a quelque temps, un film américain presque merveilleux. Il s’intitule Zandalee, est réalisé par Sam Pillsbury et sorti en 1991.

C’est un film de plus à propos du mariage et des dérapages de la vie conjugale. Zandalee (le personnage éponyme incarné par Erica Anderson) vit à la Nouvelle Orléans avec son mari Thierry (Judge Reinhold), un businessman ex-poète. Leur vie devient trop monotone pour Zandalee, lorsque Thierry rencontre Johnny (Nicolas Cage), son ami d'enfance, qui est également un artiste peintre raté, alcoolique et célibataire, et le ramène chez lui pour le présenter à sa femme et à sa mère Tatta (Viveca Lindfors). Homme à femmes, Johnny essaie de tomber Zandalee, mais celle-ci résiste un peu avant de se laisser entraîner dans une relation adultère où elle se redécouvre et «se libère». C’est là le mot qu’utilise Johnny quand il essaie de baiser la femme de son ami dans une église; «se libérer» signifie pour lui l’abandon de tout ce qui entrave ou peut entraver la liberté de l’individu à la recherche du bonheur... même si ce bonheur est aussi éphémère que celui que ces deux protagonistes éprouvent dans l’acte sexuel. Mais Thierry, sous ses airs de dupe, prépare sa revanche... Une revanche dont il sera la première victime.

L’histoire est classique. Elle est adaptée de l’histoire racontée par Émile Zola dans Thérèse Raquin (le livre fut publié en 1867). Les traces de l’histoire originale laissés dans la seconde, scénarisée par Mari Kornhauser, sont tellement multiples, mais elles commencent à diminuer après la mort de Thierry, ce qui donne au film une fin tout à fait différente de celle proposée par le livre de Zola et les nombreuses adaptations qu’il a eues dans l’histoire du cinéma français (Thérèse Raquin réalisé par Jacques Feyder, sorti en 1928; Thérèse Raquin réalisé par Marcel Carné, sorti en 1953). Dans le livre, la femme et son amant se marient, passent six mois de calvaire ensemble, six mois avec l’ombre du mort autour d’eux, et ils finissent par se suicider, toujours ensemble; dans Zandalee, ils ne se marient pas, couchent ensemble juste une fois (au cours de leurs ébats, le prénom du mort est prononcé par la femme: un lapsus linguae qui se montre des plus significatifs, quand on le place sous le microscope de l’analyse freudienne)...

Mais l’histoire rappelle également la Madame Bovary de Gustave Flaubert (le livre qui a causé un énorme scandale à l’époque de sa publication, en 1857, et qui a donné naissance au mot "bovarysme"; ce livre a également fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques, notamment par Jean Renoir, en 1933, et Claude Chabrol, en 1991), mais juste par quelques traits presque insaisissables à première vue.

Le film, loin de la mièvrerie et des longueurs inutiles, va à l’essentiel, retient l’attention jusqu’à la dernière minute. La réalisation est magnifique et bien maîtrisée; le jeu des acteurs y est également admirable. Et cette marge d’ambiguïté que l’on ressent par moments (à travers certaines ellipses, par exemple) donne au tout un goût particulier.
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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 20:32
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Les 112 députés égyptiens qui ont ­ en vain ­ réclamé à cor et à cri l'interdiction de L'Immeuble Yacoubian n'avaient peut-être pas tort en craignant que ce film ne démolisse l'image si soigneusement entretenue de l'Egypte. Oubliés les pyramides, les danseuses du ventre à bourrelets, l'"egyptian lover" à l'oeil humide, le comique facile et la cavalerie lourde, qui peuplent d'ordinaire le box-office égyptien. Le premier long métrage de Marwan Hamed, 28 ans, est non seulement le film le plus cher de l'histoire du cinéma égyptien, mais aussi une bombe à portée internationale qui vient briser tous les tabous du monde arabe: corruption politique, hypocrisie religieuse, homosexualité, islamisme, torture policière, tout y passe.

Depuis la sortie du film au Caire, au début de l'été, le débat fait rage entre ceux, ravis, qui n'en reviennent pas d'avoir pu voir un film arabe aussi audacieux, sans compromis et sans censure, et ceux, choqués, qui estiment que ce film nuit à l'image du pays. «C'est un scandale, les gens vont croire que l'Egypte ce n'est que ça», rage un professeur d'université au sortir d'une séance. Adaptation assez fidèle du best-seller d'Alaa el-Aswany, L'Immeuble Yacoubian conte la vie des habitants d'un immeuble autrefois cossu du centre-ville du Caire. Au rez-de-chaussée vivent le portier et son fils Taha, étudiant méritant. Dans les étages se croisent Zaki, un play-boy vieillissant, Hatem, journaliste homosexuel raide amoureux d'un troufion sans le sou, ou Hag Azzam, ancien cireur de chaussures reconverti en businessman cul-bénit et, accessoirement, trafiquant d'héroïne.

Sur le toit enfin vit une foule de miséreux, dont la voluptueuse Boussaïna, qui tente tant bien que mal de garder son travail tout en préservant sa virginité. A travers eux, tous les maux de l'Egypte contemporaine sont épinglés, avec une violence et une franchise jusqu'alors inconnue dans l'industrie du cinéma local. Un film ambitieux, très marqué par les codes du cinéma hollywoodien, et en même temps en prise profonde avec la réalité égyptienne. «Ce n'était pas évident de convaincre les producteurs, d'autant que je voulais avoir les moyens nécessaires pour faire un film de standard international, se souvient le réalisateur Marwan Hamed. Le film dure presque trois heures ; il est assez sombre et s'attaque à de gros tabous alors que le public égyptien adore voir des films légers.» Ce qui n'a pas empêché les vedettes de se battre pour figurer au générique aux côtés d'Adel Imam, star incontestée de la comédie arabe, qui sort là de son registre habituel.

«Le débat autour du film est très sain. Tout cela s'inscrit dans la nouvelle dynamique que l'on sent en Egypte, se réjouit Marwan Hamed. Mais il faut être réaliste, ce film, c'est du cinéma, ce n'est certainement pas un moyen de faire pression sur le gouvernement. Un film, ça peut aider à éclairer l'opinion du public.» Avec la censure, ce fan de Scorsese a bataillé pied à pied pour imposer ses scènes. «Mais ce qui a choqué le plus en Egypte et qui a provoqué le plus d'articles dans la presse, ce n'est pas, par exemple, que l'on montre un officier de police qui torture et viole un prisonnier, non ! C'est que l'on évoque l'homosexualité ! souligne-t-il. Tout est sans cesse ramené à la morale, depuis que ce pays a été transformé par l'islam wahhabite venu d'Arabie saoudite.»

Séisme. Pour le public européen, L'Immeuble Yacoubian permet aussi d'aborder d'une autre perspective la plongée dans le radicalisme. Cinglant aussi l'affairisme et la corruption des puissants, le Yacoubian, version filmée, ne trahit pas son roman d'origine. Un roman qui, en ayant miraculeusement échappé aux griffes de la censure, a provoqué un séisme sans précédent dans le monde arabe. Obligés de faire face, les grands d'Egypte tentent depuis de faire bonne figure. Ou presque : Alaa el-Aswany, l'auteur du roman était absent lors de la première du film, au Caire. «La sécurité de l'Etat supprime mon nom de la liste des invités quand un haut personnage est là, sourit-il. Ils ont bien trop peur qu'une discussion s'engage entre eux et moi, et savent bien que je dirais ce que je pense.» Le succès du roman, et aujourd'hui du film qui en est tiré, montre qu'ils sont peut-être de plus en plus nombreux à penser comme lui.


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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 19:55
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Dans un Far West transposé au Japon, une petite ville est plongée dans le chaos à cause d'une guerre interminable entre le clan des Rouges et celui des Blancs. Un homme sans nom débarque dans ce lieu que l'on dit maudit pour rechercher un fabuleux trésor. Se greffent à cette trame, une bataille millénaire autour d'une fleur sacrée, des comptes à régler avec le passé et Quentin Tarentino en desperado buriné dans un western nippon. Vous vous sentez perdus? Pire, vous n'y comprenez rien? Mais il faut terminer le film jusqu’au bout pour que le puzzle se complète.

Il faut dire que, passé la plaisante intro by Tarantino, Sukiyaki Western Django n'y va pas avec le dos de la spatule: les acteurs japonais s'expriment dans un anglais calamiteux,  le ralentissement de l'intrigue dû à d'interminables flashbacks est pour le moins artificiel et, le tord-boyaux final s'apparente à un personnage de shérif pénible dont l'indécision à choisir un clan se manifeste par une schizophrénie balourde qui n'est pas sans rappeler les franchouillardises de Paul Préboist. Peut-être cela tient-il à la note d'intention de Miike, vouloir enfiler un maximum de clins d'œil aux références du genre. Seulement, les hommages, c'est comme les variétés d'alcool, à trop les mélanger, on risque la régurgitation. Et Sukiyaki Western Django n'en est jamais très loin.
C'est pourtant la mécanique capitale des plus grands westerns spaghetti, réussir la montée en tension avant le déluge de coups de feu tant attendu et redouté. Sur le premier point, Sukiyaki Western Django n'est pas concluant. Par contre, il se révèle assez efficace sur le second, notamment dans son utilisation de la violence tantôt cartoonesque - un trou dans le buffet à la Tex Avery - tantôt surréaliste à grand renfort de sang et de longue agonie. Cette dernière partie sauve le film grâce à la convocation des pièces maîtresses de l'histoire du western. De l'intégrale Leone à l'inévitable Django de Corbucci en passant par Duel au soleil de King Vidor, tous y passent et deviennent bizarrement d'amusants reflets déviants de ces joyaux.
Cette dose de fun assez salutaire ne fait pas de Sukiyaki Western Django le film jubilatoire venu mettre un coup de fouet à une compétition vénitienne un peu morne. Il reste suffisamment plaisant néanmoins pour les amateurs de dingueries en provenance du Soleil Levant.
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6 mai 2009 3 06 /05 /mai /2009 00:05

Visitor Q
(ou Bizita Q, pour le titre original) est un film japonais des plus iconoclastes réalisé par Takashi Miike, suivant un scénario écrit par Itaru Era. Le film est sorti en 2001. Avec, comme acteurs: Kenichi Endo, Shungiku Uchida, Kazushi Watanabe, Shoko Nakahara, Fujiko. Lors de sa sortie en France il était interdit aux moins de 16 ans.

«Avez-vous déjà couché avec votre père? […] Avez-vous déjà reçu un coup à la tête? […] Avez-vous déjà tapé votre mère?» Ces trois interrogations (pertinentes) annoncent les trois premiers segments de Visitor Q, ou comment Takashi Miike traite un film de commande sur le sujet de l’amour.

Voici tout d'abord Papa, dont la carrière à la télé est en chute libre depuis qu'il s'est fait enfoncer un micro dans le rectum en live par une bande de voyous. Sa fille, qui se prostitue avec plaisir depuis qu'elle a fugué de la maison familiale, l'incite à coucher avec lui, par simple curiosité. Maman, elle, passe pas mal de temps à se défoncer à l'héroïne - enfin, quand elle n'est pas en train de se faire ruer de coups par son jeune fils, un garçon tout ce qu'il y a de plus fonctionnel qui ne cesse de se faire humilier violemment par ses camarades, sur le chemin de l'école.

Papa fait ce qu'il peut pour trouver de nouvelles idées télévisuelles, des reality-shows extrêmes susceptibles de lui rendre sa gloire d'antan. Du coup, bien évidemment, il ne peut pas vraiment se permettre de perdre son temps à houspiller son rejeton lorsqu'il pulvérise l'ensemble du service à vaisselle de la maison sur la tête de sa mère, ou qu'il passe celle-ci - littéralement - au travers des murs (il faut le comprendre, ce pauvre adolescent. Vous aimeriez, vous, que l'on pénètre dans votre chambre sans autorisation?). Et puis Papa se la joue plutôt profil bas avec Maman: comment lui avouer qu'il couche avec leur fille alors qu'eux même ne couchent plus ensemble? Vous comprenez aisément que la situation est délicate. Mais finalement, pas si inhabituelle que ça, n'est-ce pas? Oseriez-vous dire que vous vous en sortez mieux que ce beau petit monde?

Quoiqu'il en soit, la petite famille est en danger. Heureusement, Q passe par là. Pour se faire inviter, il utilise une technique redoutable: il fracasse le crâne de Papa à l'aide d'un caillou énorme, puis prétend lui venir en aide et le raccompagne chez lui. Et Q, avec son air nonchalant et sa tête de kakou funky inexpressif et muet, croyez-moi, ce n'est pas n'importe qui. S'incrustant dans la maisonnée, il va tenter d'amener Papa, Maman et leurs enfants à se réunir à nouveau, pour le meilleur, et pour le pire…

Tourné en vidéo numérique avec une maîtrise discrète (le jeu de points de vue de la première séquence donne tout son sens à l'utilisation d'un DV en quelques instants), Visitor Q est l'un des films les plus outrageusement barrés de son réalisateur. Se défiant de tous les tabous (la nécrophilie en particulier), baignant ses personnages dans l'immoralité la plus complète pour les amener vers une rédemption qui passe avant tout par la réunification, quel qu'en soit le contexte, Miike nous entraîne dans l'intimité déglinguée d'une famille pas si aberrante que ça. Si les dérèglements sont certes poussés à leur paroxysme pour parfaire la démonstration, ils n'en demeurent pas moins universels. Certains taxeront la symbolique de simpliste, ce qui n'est pas complètement faux, mais peu de gens pousseraient l'honnêteté de la carte de la maternité jusqu'à montrer du véritable squirting, vous ne croyez pas? La force de Miike, c'est justement de savoir exposer des solutions proportionnelles aux problèmes de chaque membre de la famille, sans quoi il aurait été impossible d'avoir un tel équilibre. Et le plus fort, dans tout ça, c'est bien sûr que Visitor Q est au final empreint d'une poésie sublime, tellement humaine dans son côté primal qu'elle en deviendra, pour certains, difficile à regarder en face. Mais le message n'est en rien différent de celui délivré par un certaine famille nippone du nom de Yamada: quoiqu'il arrive, c'est l'unité qui fait la force d'une famille. Et c'est justement grâce au traitement dépouillé de ce cas extrême, qui n'en reste pas moins léger et drôle dans tous ses dépassements inavouables, que Miike parvient, une fois de plus, à faire passer le message mieux que quiconque.

La bande annonce:








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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 23:42

Fulltime Killer (titre original: Chuen jik sat sau) est un film d’action hongkongais réalisé par Johnny To et Wai Ka Fai, sorti en 2003.

Avec cette œuvre, Johnny To, le réalisateur du célèbre film The Mission (réalisé en 2001 et récompensé dans beaucoup de festivals de cinéma), revient avec un ravissant film d’action plein d’effets et basé sur une histoire un peu classique. L'histoire de Fulltime Killer est celle de O (Takashi Sorimachi), «tueur professionnel à plein temps», comme il le dit lui-même, et qui se doit de tuer ceux qui le connaissent. O est calme, limpide, et discret. Sitôt une mission remplie, il disparaît comme un diable dans la nuit. Tok est également tueur à gages mais son style est totalement différent: artificiel, spectaculaire, tape-à-l'œil, Tok aime se donner en spectacle pour faire sortir O de sa tanière et le provoquer en duel. Dans le style "il ne doit en rester qu'un seul", le film exploite le mythe des combats de titans que John Woo (The Killer, 1989) ou Tsui Hark (Time and Tide, 2000) avaient revisité avant lui. Bien sûr le propos se veut original: une femme, Chin (Kelly Lin) va réunir les deux adversaires dans l'amour commun qu'ils lui portent. Le règlement de compte professionnel prend alors l'allure d'un duel sentimental, non dénué d'intérêt grâce à l'intervention d'un quatrième personnage, l'inspecteur Lee (incarné par Simon Yam) qui, désabusé et limite psychotique, finira comme écrivain peu inspiré, sinon par l'histoire qu'il a vécue. Cette histoire, il reviendra à Chin de lui en raconter la fin, puisqu'il faut bien une fin.

Le thème des deux frères et des Jeux Olympiques donne une épaisseur historique au récit qui contribue à sauver un peu le scénario des clichés habituels. Ceux-ci jalonnent le film et les références à John Woo ou à Tsui Hark s'apprécient au travers des ralentis, zooms, effets visuels. Les références au cinéma français ne sont pas non plus délaissées (Melville, Clément, Besson) et le film devient un melting-pot plaisant d'inspirations en vrac. Tout y est pourtant, la légende qui ne veut pas mourir, la force tranquille qui veut passer pour morte et le pauvre inspecteur qui ne sait pas où donner de la tête ni du flingue dans une séquence de fusillade haute en hémoglobine. Est-ce à Chin de choisir celui qui survivra ou au destin?

On dit que le destin se répète souvent, c'est ce qui avait valu à Brandon Lee de mourir dans des circonstances étrangement similaires à celle de son illustre père vingt ans après sa mort. Ici, les deux personnages remplissent l'écran à la mesure de leur ego. Tok est campé admirablement par Andy Lau "en chien" et sûr de lui, O est interprété avec le flegme d'un yakusa japonais par Takashi Sorimachi. Lequel survivra? Lequel gagnera le cœur de la belle Chin?

Johnny To choisit de nous le révéler dans un feu d'artifice final. Celui qui a le moins peur de la mort puisque «plus tu fuis la mort, plus tu t'en rapproches»? Ses précédents films étaient plus empreints de psychologie et de subtilité dans la maîtrise du cadre. Il a opté ici pour une débauche d'effets visuels parvenant avec un peu de difficulté à égaler les maîtres du genre. De l'action, toujours plus d'action. Mais c’est l’essentiel de ces films-là, n’est-ce pas? Alors, cessons de porter des jugements péremptoires en ne regardant que le passé. Contentons-nous de regarder ce film qui nous offre de connaître davantage les autres facettes de ce grand réalisateur!


La bande annonce du film:



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4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 23:04
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Parmi les films les plus controversés du début du XXIe  siècle, on trouve deux réalisés par le même homme: The Passion of The Christ (2004) et Apocalypto (2006) qu’on doit à Mel Gibson. Mais si la polémique engendrée par le premier n’a porté que sur des questions religieuses, à savoir le respect ou le détournement des évènements relatés et la fidélité du film vis-à-vis de la version narrée dans les Évangiles, la controverse qui a suivi le deuxième film a été plus générale et plus profonde. Cette différence trouve certainement sa justification dans le fait que les questions religieuses (dans toutes les religions qui ont existé) ne sont pas aussi claires et argumentées que celles qui se basent sur des faits plus ou moins scientifiques.

Apocalypto commence avec cette citation tirée de The Story of Civilization de l’écrivain et philosophe américain Will Durant (1885-1981): «Une grande civilisation n’est conquise de l’extérieur que si elle est détruite de l’intérieur». Puis vient l’histoire... qui décrit la capture d'une petite tribu forestière par des Mayas accablés par les fléaux et qui tentent de satisfaire les dieux en sang humain. L'action se déroule à la fin de l'ère postclassique maya, juste avant l'arrivée des Espagnols en péninsule du Yucatàn. Le film raconte l'histoire de Patte de Jaguar, le fils du chef d’une tribu, qui lutte pour sauver sa vie et pour retrouver sa femme et son fils après avoir été fait prisonnier.

Par la citation préliminaire, Mel Gibson a certainement voulu indiquer la direction générale du film et expliquer, en se basant sur le livre de Durant, les raisons qui ont provoqué la disparition des Mayas et de leur civilisation. Mais les chemins qu’il a empruntés pour démontrer la véracité de ce mot n’ont pas été appréciés par tout le monde. Mais est-ce un crime que d’avoir présenté un film inauthentique? (Mais évitons de nous demander ce que ces gens veulent dire par le mot "authenticité", parce que ça ne nous mènerait nulle part.) Le film historique le plus fidèle à la réalité ne l’est réellement que d’une manière relative, à cause de tous ces facteurs qui ont précédé ou accompagné les évènements racontés: l’héritage culturel en vigueur au moment des faits, les influences culturelles subies (qu’elles aient été assimilées ou pas), la psychologie des individus, etc. C’est vrai que les intentions du scénariste et du réalisateur ont une grande importance, mais on a tort de poser la question d’objectivité dans ce domaine-là.

Abstraction faite de ces accusations d’inauthenticité et des autres charges liées à l’antisémitisme et au racisme qui ont longtemps poursuivi Mel Gibson (on n’est pas nécessaire de rappeler les polémiques soulevées par son film The Passion of The Christ), le film est magnifique, original, quasiment exceptionnel dans l’histoire du septième art. Il présente un voyage dans le temps, dans l’espace et dans la nature humaine... Un film mi-historique mi-dystopique, avec des rapports implicites avec la parabole politique, car il joue sur plusieurs parallélismes...

Ayant vu, revu et examiné ce long métrage sur toutes ses coutures, je me sens plus proche de cette opinion formulée par Marie-Noëlle Tranchant sur le site du Figaroscope (www.figaroscope.fr, 10 janvier 2007), qui dit: «Avec son exotisme somptueux, à la fois précis et intemporel, Apocalypto est une parabole puissante et spectaculaire sur une fin de civilisation. Mais sur fond de décadence et de chaos sanguinaire, on assiste à la naissance d'un héros». Oui, et ce qui est sûr, c’est que ce film est une gigantesque œuvre d’art... à regarder dans les limites de la définition du mot cinéma (procédé qui permet d’enregistrer et de projeter sur un écran des photographies animées), parce que, tout compte fait, pour les autres considérations (historiques, psychologiques, culturelles, religieuses, etc.), il n’y a jamais eu de vraies garanties!


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3 mai 2009 7 03 /05 /mai /2009 15:18

Grâce à l’Internet, cette belle invention, j’ai eu l’inestimable chance de découvrir, il y a quelques jours, un grand classique de l’horreur à l’état sauvage, si je puis dire. Il s’agit du film The Last Cannibal World (Le Dernier monde cannibale, pour la version française; Ultimo mondo cannibale, pour la version originale) de Ruggero Deodato, réalisé en 1977 et sorti l’année suivante dans les salles de cinéma. Mais il ne faut pas se fier aux apparences: malgré son âge, ce long métrage qui dure 90 minutes n’a rien de ces films ternes et démodés, dont les effets et les histoires frôlent le plus souvent le grotesque, à force de chercher à faire peur coûte que coûte. C’est plutôt un bon morceau!

Le sujet de ce film se résume comme suit: en route pour l’île de Mindanao, un avion, avec quatre passagers, s’écrase dans la jungle. La nuit tombée, les rescapés sont agressés par des cannibales et seuls Robert Harper (dont Massimo Foschi tient le rôle) et Rolf (Ivan Rassimov) parviennent à s’échapper. Mais, très vite les difficultés rencontrées dans cette forêt hostile finissent par les séparer et Rolf disparaît. On suit alors le parcours de Robert qui, perdu et affamé, est finalement capturé par une tribu pour être soumis aux pires atrocités. Un calvaire seulement imaginable dans ce film qui est, avant tout, tiré d’un fait réel.

À l’époque où ce film fut réalisé, il y avait tout un courant cinématographique centré sur le cannibalisme. Plusieurs œuvres de Ruggero Deodato ont été consacrés à cette pratique, et à la tête de cette liste on peut citer le film culte Cannibal Holocaust (1980), qui est certainement le film le plus censuré et le plus interdit de l’histoire du cinéma, et que l’on considère le plus souvent, à tort, comme un snuff movie. (L’amalgame est essentiellement provoqué par le réalisme et la grande crédibilité que la manière de filmer adoptée par Deodato donne à cette œuvre... Juste après sa sortie, une rumeur commença à se propager, faisant croire que les acteurs qu’ont voyait dans le film avaient vraiment été mangés vivants durant le tournage. Le réalisateur décida de passer à la télé avec eux pour montrer qu'ils n'avaient pas été tués et calmer les gens...)
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3 mai 2009 7 03 /05 /mai /2009 01:14

Quand le Roi rentre chez lui de manière impromptue après une longue absence pour revoir sa femme et ses deux enfants, il comprend de suite que de nombreuses choses ont changé dans son royaume...

Après Riding Alone, Zhang Yimou revient à ce qu'il sait faire, car Zhang Yimou c'est d'abord la science de la démesure. Tout n'est que perpétuelle surenchère visuelle et numérique. Les armées sont monumentales, les décors très chargés et des plus chamarrés. Le réalisateur se donne ainsi les moyens de donner à son film beaucoup d'allure et une importance démesurée.

Il faut aimer le genre wu xia pian, d'autant plus que le long métrage se compose principalement de deux parties : d'un côté la mise en place de l'histoire, des personnages et de leurs relations (souvent licencieuses); de l'autre, la guerre. La première partie est lanscinante et très bavarde, la seconde met encore plus de temps à se forger. Mais que sont donc devenues les combats où la chorégraphie transcendaient les images (et finalement le contraire puisqu'avec Zhang Yimou on oublie tout devant ses belles images...)? C'est vraiment dommage car c'était surtout là que résidait la force de ce genre de cinéma. On assiste donc à des vagues de soldats se foncer les unes sur les autres sans jamais atteindre la poésie et l'exhalation d'une des référeces en la matière à savoir le Seigneur des Anneaux (d'ailleurs comparer les films de Zhang Yimou à ce genre de long métrage montre bien l'aspiration du cinéaste à devenir le Spielberg chinois).

Néanmoins, cette démesure est accompagnée d'un travail visuel toujours aussi saisissant mais qui repose un peu sur les mêmes principes des précédents films du cinéaste. Donc oui, c'est beau, c'est de l'hystérie collective en matière de figurants, de couleurs, de décors, mais ce sont toujours le même genre d'artifices, les mêmes ficelles. A force d'avoir recours aux mêmes moyens, les images finissent par s'appauvrir de film en film, elle perdent leur dimension poétique et épique. Par ailleurs, on commence à s'habituer à la Chine médiévale, ce n'est pas donc dans ce film qu'on apprendra quoi que ce soit sur les mœurs et coutumes de l'époque. Ce qui est surtout gênant dans La Cité Interdite, c'est que l'on retrouve encore le côté très manichéen du récit. Déjà vu dans Hero et Le Secret des Poignards Volants, il existe une vérité et une contre-vérité, il existe un bien et un mal, souvent traduits par des codes couleurs devenus quelque peu orthodoxe.

Cette floppée de wu xia pian devient de plus en plus fades et perdent la poésie qui devait se dégager de ces combats éthiques où le bien et le mal ne sont finalement qu'une question de point de vue. Curieusement, le long-métrage de Zhang Yimou dérange aussi par sa tendance à produire de l'anachronisme, unir des éléments qui semblent en total contradiction avec l'époque. On veut bien croire aux milliers de serviteurs, aux armées aux proportions bibliques, aux gigantesques citadelles… Mais les décolletés pigeonnants, les couleurs disco, les lentilles de contact du roi, les coucheries totalement improbables, frise le ridicule pour un tel réalisateur.

Heureusement pour cacher quelque part cette disette scénaristique, Zhang Yimou se paie le luxe d'avoir une pléiade de star à commencer par l'immense Chow Yun-Fat. S'il est loin de forcer son talent et si son mandarin ressemble plus à de la phonétique qu'à autre chose, ses apparitions sont toujours exaltantes avec le gage d'une interprétation matinées par des années de métier. Pour lui donner la réplique, Gong Li abandonne les habits de geisha pour les très chargées parures d'impératrice. Aussi touchante que létale, son interprétation est en tout point remarquable. Enfin Jay Chou, gigantesque star de la chanson en Chine, souffre encore d'un certain amateurisme et d'un léger strabisme un tantinet gênant. Au final La Cité Interdite se révèle sans surprises. Le dernier long métrage de Zhang Yimou n'atteint jamais l'onirisme et la poésie que pourrait prodiguer ce genre de cinéma, d'autant plus qu'à aucun moment, l'histoire n'est à la hauteur du reste.

Un film calibré pour l'Occident en somme… le tout est de savoir combien de temps cela va durer?
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2 mai 2009 6 02 /05 /mai /2009 00:43

Parmi les films que j’admire et que j’ai regardés plus de dix fois, l’on trouve Gozu, cette œuvre inclassable et ininterprétable. Gozu (Gokudô kyôfu dai-gekijô: Gozu) est un film japonais réalisé par Takashi Miike, sorti sur les écrans en 2003.

Minami (interprété par Hideki Sone), un jeune yakuza est chargé par son patron d'emmener Ozaki (Sho Aikawa) qu'il considère comme son frère à la décharge des yakuzas à Nagoya, car ce dernier est devenu plus ou moins fou. Mais, Ozaki meurt lors d'un coup de frein trop brutal. Arrivé à Nagoya, alors que Minami essaie de contacter son patron, le corps d'Ozaki disparaît. Il part à sa recherche et rencontre des personnes très étranges. Il réussit enfin à retrouver la trace d'Ozaki, mais celui-ci a désormais les traits d'une jeune femme. Troublé, il ramène celle-ci à son patron, lequel veut avoir une relation sexuelle avec la fille (en ayant une louche enfoncée dans l'anus, en guise de stimulateur). Minami entre dans l'appartement de son patron et, en le frappant, celui-ci tombe et la louche s'enfonce trop profondément dans l'anus. Puis Minami électrocute la louche, et son patron meurt. Rentré chez lui, Minami a sa première expérience sexuelle avec la fille. Interrompant ce rapport, une main sort du vagin pour attraper le pénis de Minami. Finalement, Ozaki, en tant qu'homme, sort du corps d'Ozaki - femme. Le film se termine sur une image de bonheur avec un couple à trois: Minami et Ozaki (homme et femme).

Le film est centré sur la notion de désir sexuel en s'interrogeant sur la construction d'une identité sexuelle chez les yakuzas. Ce film extrêmement étrange et difficile à interpréter (sinon carrément ininterprétable) montre bien la pensée originale et iconoclaste de son réalisateur, tout comme Visitor Q. Nombre de thèmes sont communs à ces deux films, des plus petits clins d'œil (le lait maternel) aux interrogations fondamentales de Miike (la réconciliation).





















La bande annonce:




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